WHITE PAGE: RÉELLE OPPORTUNITÉ, ARNAQUE OU ESCLAVAGISME ?
White Page: mon avis argumenté sur cette plateforme de rédacteurs
White Page: présentation de cette plateforme pour les rédacteurs africains
White Page est une plateforme de rédaction créée en 2017 par Zakstan. Cette plateforme propose à ses clients de commander des articles de rédaction. White Page est un outil qui propose des services de rédaction pour les blogueurs, propriétaires de sites web et autres référenceurs. Selon Digitiz, White page regroupe une équipe de 170 rédacteurs professionnels. Ces rédacteurs sont donc chargés de rédiger du contenu à des clients qui en font la commande. À l’heure où j’écris ces lignes, White.Page se vente d’avoir rédigé 132500 articles pour 2197 clients et ce, par 976 rédacteurs formés et salariés.
White Page: les tarifs proposés:
Les tarifs de rédaction de White.Page sont dans l’ordre des choses. A partir de 0.017€ le mot, jusqu’à 0.0225€ le mot dans sa version premium (ces tarifs sont hors taxe; il faudra donc ajouter 20% de taxe selon le taux en vigueur). Selon le site, “Nos tarifs débutent à partir de 2,30€ par 100 mots. La rédaction se fait via nos structures offshores. Nos rédacteurs étant régulièrement formés et travaillant dans nos bureaux, nous espérons que la qualité des écrits vous satisfera.”
Cela revient donc, pour le client, à payer 25,5€ un article de 1500 mots dans sa version basique et 33,75€ pour un article de la même taille en version premium. Nous sommes ici sur des tarifs extrêmement corrects pour la rédaction d’un article qui peut prendre au minimum 3 heures pour un rédacteur entraîné et qui ne maîtrise pas forcément le sujet. Car oui, maîtriser parfaitement le sujet sur lequel le rédacteur va travailler est finalement assez rare. Le client a toujours des impératifs, il impose son sujet et cela demandera toujours du travail de recherche au rédacteur pour argumenter son article de rédaction.
Qui sont les rédacteurs de White.Page ?
C’est peut-être là que le bât blesse. Dans le paragraphe précédent, il est stipulé deux choses qui à mon sens, sont contradictoires:
976 rédacteurs “formés et salariés”. Enregistrée en France à Berthen dans le 59, l’entreprise parle donc de 976 rédacteurs “formés et salariés”. Si le concept de formation peut être un peu vague, il en est tout autre du mot “salarié”. Selon les textes français, le salarié est une “Personne qui perçoit un salaire dans le cadre d’un contrat de travail.”
Si nous en croyons donc cette entreprise, il s’agirait là assurément de la plus grosse agence de rédaction française avec ses 976 rédacteurs salariés et donc, sous contrat de travail.
Mais d’un autre côté, il est stipulé “La rédaction se fait via nos structures offshores.” Offshore, donc hors du territoire français ! Donc, en toute logique, plus de contrat de travail ! Quant à “nos structures offshores”, je n’ai trouvé aucune “structure” White.Page ailleurs qu’à Berthen, dans le département du Nord (59).
S’inscrire sur White.Page: j’ai testé pour vous.
Afin d’argumenter cet article, j’ai testé (en juillet 2022) pour vous, l’inscription sur White.Page.
Comme sur tous les sites, on doit entrer quelques informations. Nom, prénom, adresse, adresse email, numéro de téléphone etc. Et là, un petit détail vient me frapper: dans le champ “numéro de téléphone”, l’indicatif téléphonique entré par défaut est “+229”; indicatif téléphonique du Bénin. Étonnant pour un site français hébergé en France ! Bien qu’en dessous de ce champ, on puisse choisir d’autres indicatifs téléphoniques (tous les pays y sont représentés), il est vraiment étonnant que le site s’adresse par défaut à un pays africain où les béninois sont très largement représentés parmi les rédacteurs francophones.
Il est également indiqué “Merci de renseigner vos noms et prénoms comme sur votre carte d’identité. En cas de réussite au test de recrutement, nos paiements se feront par virement bancaire, Xoom ou Western Union.” Il est tout à fait clair que là, le site s’adresse à des rédacteurs offshores uniquement. Xoom étant une filiale de Paypal qui permet d’envoyer de l’argent en Afrique pour les personnes qui ne disposent pas de compte Paypal. Et comme le dit DenelPay sur cette page, les rédacteurs africains peuvent posséder un compte Paypal mais ne peuvent pas récupérer l’argent qui s’y trouve. La solution, outre Western Union, consiste bien à payer des personnes qui ne disposent pas de compte Paypal: les africains.
Ensuite, il est indiqué qu’il faut prévoir un maximum de 3 heures pour “faire le test de recrutement”. Pour ma part, ça aura pris largement plus de trois heures. La cause ? De multiples bugs au moment de valider mon article de recrutement.
Dans ce test de recrutement, il y a quatre champs à remplir avec chacun un éditeur de texte. Il est précisé que chaque réponse doit comporter 350 mots minimum: au-dessous de ces 350 mots, impossible de valider le test.
Pour avoir testé à plusieurs reprises à cause du bug évoqué précédemment, parmi les quatre questions, une seule est aléatoire; la première. Dans l’image d’impression-écran plus haut, il s’agit donc d’écrire un article dont le sujet est ” Comment soigner un mal de gorge”. Ensuite, trois autres champs: “Comment considérez-vous le métier de rédacteur web”, “Avez-vous d’autres activités en parallèle de la rédaction” et “Qu’est-ce qui vous motive à rejoindre notre équipe”.
Après avoir répondu (en 2h40) aux quatre questions, je me retrouve face à un bug “Quelque chose s’est mal passé, merci de recommencer”. Je recommence. Deuxième essai: Si les trois derniers champs sont les mêmes, le premier change: un autre sujet d’article. Et une troisième fois. Et une quatrième à cause de ce bug qui se poursuit. (J’aurais été très patient !)
Enfin, au quatrième essai, mon inscription est validée. Mais j’ai le sentiment d’avoir écrit 16 articles de 400 mots avant d’avoir confirmation que mon inscription est prise en compte et qu’elle sera étudiée.
Je suis retenu comme rédacteur chez White Page !
Le 12 octobre, soit trois mois après avoir effectué ce test de recrutement, je reçois un mail stipulant que je suis retenu ! Dans ce mail il est indiqué: “Après analyse de votre test de recrutement, nous sommes heureux de vous annoncer que votre candidature a été retenue. Vous pouvez d’ores et déjà vous connecter à votre compte White.Page avec les identifiants que vous avez renseigné lors de votre inscription au test.
La rémunération sur White.Page est de 2,73 Fr CFA les 100 mots. Pour pouvoir percevoir votre salaire (paiement vers le 05 de chaque mois), veuillez renseigner vos coordonnées dans « Mon compte ». Un manager vous contactera pour vous faire parvenir les fonds.”
Étant français, et étant inscrit avec un numéro de téléphone français et avec une adresse postale française, je suis très étonné (désolé pour cette ironie) de recevoir des informations de paiement en Francs CFA et non pas en Euro !
Combien est payé un rédacteur chez White.Page ?
Le “salaire” du rédacteur est extrêmement discutable: 2,73 frs les 100 mots !!! Soit 0,0273 fr CFA le mot, donc 0,041 € pour un article de 1000 mots ! Oui, je confirme, vous avez bien lu: un article de 1000 mots vous sera payé 0.041€ !!!
Afin de, encore une fois, apporter ma pierre à l’édifice pour la rédaction de cet article, je vais donc dans “mon compte” sur le site White Page. Sous mon nom, j’y vois donc “Tarif aux mots: 3 ” (sic).
Cela confirme donc… pas grand chose ! En effet, il est bien écrit “tarif aux mots”. Le nombre aurait-il été oublié ?
Mais en plusieurs endroits: dans “Mon compte”, et par mail il est bien question de “3 frs les 100 mots”.
White Page Avis.
White Page, dont vous trouverez le nom sur les mentions légales de leur site (par crainte de poursuites en diffamation, je préfère taire le nom du responsable de l’entreprise EURL Zakstan) est certainement une bonne adresse si on se place du côté client. Mais en tant que rédacteur, nous sommes là dans ce que je qualifie d’esclavagisme 2.0.
Ce monsieur, qui est également propriétaire de myback.link et Callitad (ce dernier qui n’a ni mentions légales, ni CGU, malgré les obligations de la Loi française) dispose là de réels outils pour se faire un maximum d’argent sur le dos de ces rédacteurs esclaves.
Et maintenant, que faire face à cet esclavagisme des temps modernes ?
Dénoncer: Seul, en tant que simple internaute passionné par la rédaction web, je ne suis pas armé pour déposer plainte. Et pas envie de me battre pour le bénéfice des autres: je n’ai rien à gagner là-dedans !
Rentrer dans le jeu de White Page: Inscrit en tant que rédacteur web chez White Page, je pourrais simplement me servir d’une faille. Sans être spécialiste du droit français, et considérant que je suis résidant français et que le site est hébergé en France, et en l’absence de cette précision dans les mentions légales, je ne peux QUE considérer que la devise utilisée par le site est l’Euro. Je pourrais donc tout à fait rédiger du contenu (puisque je le répète, je suis officiellement l’un de leurs rédacteurs) et attendre mon “salaire”. Y écrire plusieurs articles et, comme il est stipulé dans les CGU, attendre le 5 du mois pour être payé. Tout en conservant, bien entendu, toutes les preuves matérielles et numériques (copies-écran etc) de mes travaux de rédaction. Là, si je suis payé 3 Francs CFA le mot, je rappellerai que résidant en France, exerçant une activité de rédaction sur un site dont l’entreprise est française, c’est donc en Euro que je dois être payé. Et à 3 Euros le mots, ça peut vite être rentable pour moi. Et si, bien entendu, je ne suis pas payé 3€ le mot mais 2,73 frs les 100 mots, c’est à dire 0,041€ les 1000 mots, il y a là largement de quoi mettre le dossier dans les mains d’un avocat…
White Page: réelle opportunité pour les rédacteurs ou vraie arnaque ? J’ai testé pour vous cette plateforme de rédacteurs africains
Alors, White Page, une plateforme pour les rédacteurs africains. Est-ce une réelle opportunité pour les rédacteurs ou une vraie arnaque ? Je vous laisse juge. Mais j’ai bien mon avis sur la question…
Vos témoignages et avis sont les bienvenus !
Merci pour votre article. Je n’en connais pas le but, mais je pense que cet article est fait dans un but diffamatoire, parce pour dénoncer, il manque de preuves. Et si les preuves avancées ne sont pas véridiques, il est clair qu’elles sont à dessein de nuire.
En matière de rédaction web, vous devez savoir que le tarif est fixé en fonction de la qualité des rédacteurs. Et je peux vous dire que White Page fixe un tarif de base au mot : 2,73 par mot et non aux 100 mots, comme vous l’avancez.
Après le premier mois, selon la qualité de votre plume, vous passez à 3,5, 4 ou 5f/mots. Ce qui fait approximativement 5000 francs/1000 mots.
Lorsque les rédacteurs rédigent, les textes ne vont pas directement chez le clients. Ils passent d’abord par les correcteurs qui essaient de voir si l’article répond aux consignes du client. Après eux, il y a encore le contrôle qualité qui repasse sur les textes des correcteurs. À chaque passage, ceux-là sont payés.
Tous ces commissaires ont été mis en place à cause de la qualité des articles qui n’est pas optimale au niveau des rédacteurs. Des omissions de mots, des phrases trop longues, une structure mal agencées, des erreurs ne manquent pas.
Alors, si vous êtes français, cette plateforme ne vous est pas destinée. Il s’agit avant-tout du low-cost. Ce qui attire les rédacteurs, c’est plutôt la structure sécurisée qu’offre la plateforme. Il n’y a pas de problème de paiements, des clients insolvables, etc.
Je sais que le tarif est à revoir, mais je ne crois pas qu’il s’agit de l’esclavagisme.
PS: Si vous êtes vraiment français, moi j’ai besoin de contrats bien payés. N’hésitez pas à me contacter par mail.
J’ai été roi à Jérusalem.
Bonjour. Mon objectif n’est pas diffamatoire: cela ne pourrait que m’apporter des ennuis. Je prends d’ailleurs le soin de ne pas diffamer: je ne cite pas de nom, juste une société. Libre au lecteur, ensuite, d’aller dans les mentions légales du site en question pour avoir un nom. Mais je me garde bien de le donner, justement pour ne pas diffamer. Mais, sans être juriste, je sais bien que je me trouve à l’extrême limite de la diffamation.
Les preuves, je les détiens: ce sont les impressions-écran que j’ai insérées dans le contenu de l’article: 2,73 Fcfa les 100 mots. Un internaute de mon groupe Facebook a reçu le même mail. Que faut-il de plus ? Il s’agit peut-être d’une erreur, mais c’est malgré tout écrit noir sur blanc dans différents emplois. Et bêtement peut-être, je m’en tiens à cela !
Que des rédacteurs africains “acceptent” (se soumettent?) de travailler à ce tarif là, cela les regarde. Et qu’il y ait d’autres personnes qui interviennent pour la correction et/ou reformulation, cela ne change strictement rien au salaire du rédacteur. Moi, je m’en tiens au droit français. Le site est français, hébergé en France, et appartenant à une entreprise française. Et il n’est nullement spécifié quelque part que le site est réservé à des rédacteurs en Afrique. Et même si c’était le cas, le site devrait indiquer des tarifs, par défaut, en Euro. Et même si avec un peu d’expérience, le rédacteur est amené à toucher jusqu’à 5 Fcfa les 100 mots, ce qui fait donc 0,76€ pour rédiger un article de 1000 mots, ce qui est, et j’insiste et assume, largement de l’esclavagisme.
Le tarif c’est 2,73 le mot c’est juste une erreur.
Ok. Merci Ahmed. Ça fait quand-même 4,16€ pour un article de 1000 mots, ce qui est encore très largement de l’esclavagisme… Alors que ces 1000 mots sont facturés 21€ au client !
Vous avez raison, mais les Africains ferons comment pour s’en sortir, si les conditions de paiement, ne permettent pas toujours d’être embauché sur vos plateformes à vous?
A mon sens, les seuls africains qui s’en sortiront, ce sont ceux qui veulent entreprendre, être leur propre patron.
Le système actuel est bancal: d’un côté des africains prêts à travailler pour presque rien tellement ils ont faim, et de l’autre, des européens qui en profitent largement. Mais en acceptant de travailler pour presque rien, on permet à ce système de perdurer…